Quel avenir pour la chanson engagée kabyle ?

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festival chanson kabyle
festival chanson kabyle

CULTURE (Tamurt) – Depuis la disparition tragique du chantre de l’amazighité Matoub Lounes, la jeunesse kabyle est orpheline de héraut. Généreux, combatif et anticipant sur les événements, aucun artiste n’a osé, comme lui, dire haut et fort ce que cette jeunesse pensait tout bas. Nul autre chanteur, mieux que lui, n’a su stigmatiser et traduire ses frustrations et ses aspirations. Du coup cette jeunesse s’est reconnu en lui. C’était ce que l’on nommait la génération Matoub Lounes.

Cette génération, qui fut derrière les événements du printemps noir et qui a payé de son sang (à l’image de son idole) son engagement pour la liberté, la justice et l’honneur de la kabylie, est aujourd’hui privée d’un rassembleur. Privée de repères. Nos artistes (ceux qui se disent engagés) devenus, soudain, aphones sont loin de faire l’unanimité au sein de cette jeunesse et loin de récolter ses faveurs et pour cause. Ni idir ni Ait Menguellet encore moins Takfarinas, Ali Amrane ne parviennent à combler le vide laissé par Matoub Lounes sur le plan d’engagement envers la cause de la culture kabyle.

Cette jeunesse qu’on dit mal politisée, pervertie violente et nihiliste n’est pas dupe pour autant, bien au contraire elle sait faire la part des choses. Toujours sur le qui vive, elle est là attentive à ce qui se dit et se fait chez les uns et les autres. Son verdict, quand il tombe, est souvent sans appel. Cette Jeunesse dont on dit qu’elle illettrée, mal instruite facile à manipuler en fait sait reconnaître les siens. Face aux pressions qui s’exercent sur l’autre icône de la chanson kabyle Monsieur Zedek Mouloud, elle tente ( seule)et vaille que vaille l’impossible pour lui apporter soutien et surtout le protéger et cela au moment où, mis à part quelques voix éparses comme celle de Shamy fondateur du groupe les Abranis et de l’universitaire Said Chemakh, aucune déclaration des autres chanteurs et artistes n’est venu réconforter notre poète acculé à se cloîtrer chez lui au village d’Ait Khalfoun . Mais c’est vrai que la trahison des clercs ne date pas aujourd’hui.

Quelque part, entre ces artistes et cette jeunesse les ponts sont rompus. Ils ont beau déclarer(les artistes) dans leurs chansons qu’ils militent pour la cause Amazighe, leurs actes démentent cette profession de foi. Ayant déserté définitivement les champs de luttes et des revendications par leur présence physique, ces artistes se sont mis à la marge de la marche historique de la Kabylie vers son autodétermination et son émancipation et par ricochet elles se sont éloigné de l’attente de cette jeunesse qui souhaite un changement rapide et radical de sa situation.

Ce que semblent ou feignent d’ignorer les artistes kabyles est que cette jeunesse veut autre chose que des paroles. Elle veut une présence sur le terrain des luttes. Des prises de position claires et nettes et surtout affichées et assumées. Le tout ou rien. En un mot, elle réfute les demi-mesures. Pourtant il fut un temps où ce sont ces mêmes chanteurs et artistes qui ont porté à bout de bras (à l’instar d’Ait Menguellet , Idir) la revendication culturelle . Ce sont ces artistes qui furent derrière l’éveil de la population kabyle quand au danger qui guettait la langue et l’identité Amazigh. A L’époque, ils étaient de toutes les luttes. Ils étaient à la pointe du combat malgré les brimades, les invectives, la répression du pouvoir de l’époque. En retour ils étaient quasiment adulés par la population kabyle. Mais apparemment les temps ont changé. Le froid à gagné les cœurs et le manque de conviction à refroidi les élans. A cela il y a des raisons objectives qu’il est bon certainement de citer. Néanmoins on s’abstiendra de le faire, tant cet exercice nous semble fastidieux et demande toute une analyse. Ce qui importe, en ces temps de doutes et d’incertitudes et de remise en cause de notre propre raison d’être, c’est seulement de tirer la sonnette d’alarme et de se demander qu’en est- il de la chanson engagée kabyle et surtout quel est son avenir ?

Comment peut-on se taire et faire semblant comme si de rien n’était alors qu’un de leur confrère subit des menaces ? Comment peut-on se démarquer au moment où nos libertés de dire, nos libertés de consciences sont malmenée ? Qui ne dit rien consens dit le proverbe… il revient à ces artistes de démentir cette affirmation en se positionnant d’une manière sans ambigüité face aux menaces qui pèsent sur le chanteur Zedek Mouloud. Plus que cela il leur revient de réhabiliter la chanson engagé kabyle, de redorer son blason terni ces derniers temps par leur compromission avec le renoncement. Car au fait c’est de cela qu’il s’agit : du renoncement.

Ait Slimane Hamid pour Tamurt

8 Commentaires

  1. Azul a Hamid,

    Tu as terminé ton papier (que je trouve bien fiscellé) en concluant que ces chanteurs embusqués ont renoncé. Je ne pense pas. Car pour renoncer il faut avoir milité. Ce n’est pas leur cas à part quelques mots dans des poèmes qui cherchent la rime plus qu’autre chose, rien.

    Je pralerais plutôt dans leur cas de l’indiférence. Indifférence teintée d’ignorance car je ne pense pas que les chanteurs kabyles actuels ont rééllement concience de la dimension et de la place d’un artiste dans une société opprimée. Ils ne font pas de l’art mais il travaillent. Ils chantent donc pour gagner leur vies et non pour pratiquer l’art des mots et de la chansons qui implique plus que des mots chantés. La différence est de taille. Tant que les albums (à 6-7 chansons) et les billets de spectacles se vendent bien, le reste c’est du pipeau. Puisque les gens les achètent en est la preuve, pour eux, qu’ils font ce qu’il faut faire en les circonstances.

    On est donc loin de Matoub et de Ferhat Mehenni de Kabylie, de Jónas Hallgrímsson d’Islande, de Petofi de Hongrie, de Mickiewicz de Pologne, de Preseren de Slovénie, de Maca de Bohême, de Chevchenko d’Ukraine, de Wergland de Norvège et de Lonnrot de Finlande. Des vrais poêtes. Des artistes pas des cols bleus.

    Sinon, l’affaire de Zeddek, j’avoue que je ne suis pas très à l’aise avec tout ce brouhaha sur son cas. Il a reçu une fois des menaces (corrige-moi si j me gourre) et on en fait tout un fromage. Or, Matoub a été menacé, emprisonné, frapppé, kidnappé, blessé par balles et enfin tué par balles. On baisse un peu les standards pour qualifier quelqu’un d’artiste militant, non?

  2. on peut donc dire que nos artistes,plutot nos chanteurs,n’assument méme plus ce qu’ils chantent,c’est triste mais c’est ainsi,c’est désormais le terrain qui définira qui est qui et qui fait quoi.on en a assez du bricolage folklorique.

  3. Cet article est injuste envers des artistes comme OULAHLOU qui si je ne m’abuse prend LARGEMENT position dans ses chansons.

  4. azul,chansons kabyles prolifiques mais nulles actuellement a part les azzden dark ,rien de beau ,je vois les hits de brtv franchement ,vive azem ,matoub ,idir ….oulahlou ..et quelques autres meksa ,et notre president ferhat.

  5. Il faut noter aussi le silence assourdissant de nos ministres kabyles. Je crois que le GPK doit penser urgemment a un remaniement ministériel.

    On attend aussi avec impatience la naissance du drapeau kabyle!

    Vive la Kabylie indépendante!

  6. dommage testuqutem awal af wid i3edan nnagh af l meytin nagh af wid yeja zman mai nekni s suta tatrat n cna amhadi (groupe Algérie berbère et mazigh ….)lan digh wiyid uryeli w awal felagh nezra unezmir ara aneli am matoub nagh am farhat tasuta digh macci tina yelan zik nekni ur neli d wid ilahu af u3abud ur neli dwid yedan d khalid ma3na wid digh ihemlen digh cna amhadi hemlen kan wid yarzan idlec aqvayli dayen ila netwali di tudrin netmurt laqvayel yal anda necna u dila3mar nedliv idrimen narnaten lijewav nagh xas ma unehwaj ara la pub nagh ayen niden d wal kan idyebin wayed neshasef imi zman yewtagh unervih rebi ur narni idebalen

  7. Ait menguellet et Idir n’ont laissé aucun vide à remplir pour leur génération!
    Cette génération c’est la notre, celle Ben Mohamed, Mohya, Kateb Yacine, Mouloud Mameri, Abdelkader Khalef … etc
    Ait Menguellet est la reference pour cette génération.
    Maintenant pour la votre, c’est n’est pas le vide c’est le néant qu’l faut combler mais de grace comblez le avec les « votres ». Sinon pour toutes vos autres élucubrations je vous dirais simplement yenad umghar.

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