Le Militant

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Arrestation de militants kabyles
Arrestation de militants kabyles

CONTRIBUTION (Tamurt)« Avrid n tlelli mi t-ddehmen medden  Lvaṭel iɣelli xas d vu ifadden. » Ferhat MEHENNI. « Le chemin de la liberté aussitôt emprunté dénoue les chaînes les plus solides »
Les militantes et militants du Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK) ne sont pas des militants ordinaires, ils sont des femmes et des hommes hors-pairs. Ils sont dotés de courage, de discipline et de dévouement. Ils ont fait le choix irréversible  de porter le combat libérateur de leur peuple et de leur territoire à terme.

Ils sont collégiens, lycéens, étudiants mais également ouvriers, médecins, journalistes, avocats âgés et moins âgés… En fait, c’est tout un peuple qui est militant du MAK. Un combat pour la liberté implique un engagement sans vanité.

« Le militant kabyle » est guidé par son devoir de servir sa patrie et la nécessité d’affirmer son identité au-delà de ses aspirations partisanes et idéologiques. Il est libre, indépendant de toute déstabilisation que peut subir un militant ordinaire qui lui lutte pour voir son favori accéder à une députation ou autre ambition électorale.

Je dirais que le militant du MAK possède ce souci de dépasser sa conviction idéologique, puisqu’il est militant de la liberté. L’importance de se battre pour la souveraineté de son pays le place dans une posture de responsable à part entière. Même si sa conviction ne souffre d’aucune faiblesse, sa capacité à analyser et à entreprendre lui permet de réévaluer à chaque instant sa démarche et les moyens à mettre en œuvre .C’est ce qui fait la force du MAK. Une maturité politique à la hauteur de l’objectif tracé.

Dans les partis politiques, un militant est souvent réduit à « de la main-d’œuvre pas chère », sur laquelle un Leader s’appuie pour faire aboutir son projet, qu’il soit dans une course législative ou présidentielle. Le recul du militantisme, à mon sens, est le résultat du recul de la structure politique qui ne cherche plus à convaincre le plus de monde de manière constante, mais plutôt d’aller recruter suffisamment de personnes pour exécuter des missions à l’occasion d’événements électoraux. En d’autres termes, faire de la politique « de la poudre aux yeux ». Une simple observation, aussi superficielle soit-elle, et si on analyse l’évolution de la  base militante des structures politiques, on se rend compte que le militantisme politique a dangereusement régressé, en termes de masse humaine.

Conséquence d’une approche personnelle des Leaders qui consiste à faire passer le militant pour un travailleur saisonnier à qui ils font appel en cas de besoin. Évidemment, tout cela n’est point une vérité absolue. Néanmoins, c’est un constat avéré, partagé par certains observateurs politiques pour auquel  j’adhère.

La structure politique, je pense, tend à muter vers une société commerciale, avec un objectif de chiffre d’affaires qui fera promouvoir le chef pécuniairement, en lieu et place d’un objectif collectif qui consisterait à faire partager une réussite porteuse d’espoir et de confort pour la collectivité.

Cela expliquerait la défaillance, l’arrogance, l’irresponsabilité, voire même la folie, des « chefs » lorsque leur stratégie exclusivement subjective, souvent, complètement décalée  de la réalité du terrain, n’est pas concrétisée.

Le militant du MAK n’évolue pas dans la configuration d’un parti politique activant dans un État donné et sous un régime donné, démocratique ou dictatorial fut-il, où l’objectif principal est d’accéder au pouvoir et dont la condition sine qua non pour être un bon militant est la loyauté aveugle au « chef ». Le militant du MAK est dans une démarche diamétralement opposée étant donné qu’il lutte d’abord pour la liberté de son peuple, un peuple sans État.

Cet objectif de fonder un État sur des bases solides, telles que la démocratie, l’alternance au pouvoir, le respect des lois et des règles, la justice, sont ses valeurs, et c’est ce qui le guide constamment dans son militantisme, un « militantisme  révolutionnaire » fort de conviction, de justesse et d’une grande force morale.

Ajouter à cela, une loyauté immaculée, non pas envers une personne (qui dans la majorité des cas, abuse au moindre pouvoir acquis, une sorte de  « potomanie du pouvoir »), mais envers sa cause, son peuple et le serment scellé d’aller dans le sens de la liberté.

YACINE CHERAIOU, Cadre du MAK.

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