De Tizi-Ouzou à Johannesburg, l’esprit Madiba triomphera

4
532
N. Mandela

CONTRIBUTION (Tamurt) – Ce soir, il pleut à Johannesburg. La tradition Zoulou dit : «Il pleut toujours, lorsqu’un Roi est mort». Ici, le sens du mot Roi ne rime pas avec l’extravagance des monarques arabes. Mandela était avant tout, un Homme modeste, un ami du peuple. Le plus généreux de tous. Le grand frère, Madiba.

Sa longue lutte contre l’apartheid lui a valu, à travers le monde, une admiration qui transcende les générations. Modèle et source d’inspiration des artistes, des cinéastes, des écrivains et des hommes politiques, l’Africain, incarcéré par les Blancs pendant plus d’un quart de siècle, bouscule les convenances, revendique l’égalité et pointe du doigt une discrimination raciale à l’origine des malheurs de son peuple.

Sa détermination à vaincre l’apartheid enflamme l’imaginaire des discriminés et leur redonne espoir. Précurseur, visionnaire, libérateur, héros, icône, Saint… la presse mondiale et les grands dirigeants de ce monde l’affublent d’éloges et de toutes les grâces.

Depuis l’annonce de son décès, Johannesburg est prise d’assaut. Ici, les mots et les sens se brouillent, l’émotion et le rationnel se concilient, les larmes et les sourires se confondent et exécutent d’immuables gestes le swing Madiba rappelant l’élégance de la victoire de la raison sur l’absurde.

A présent, la symbiose entre l’homme et son peuple est plus que parfaite. Le scintillement des couleurs de cette nation arc-en-ciel est d’une beauté indescriptible. Mythe de son vivant, la disparition, du premier président noir de l’Afrique du sud, nous livre un puissant message, plein d’humanisme et de sagesse.

La nouvelle de sa disparition est ressentie comme une douleur provenant des entrailles de l’Afrique. Néanmoins, elle arriva, à point nommé, pour fustiger l’égoïsme d’une cohorte de despotes s’apprêtant à marchander, à Paris, avec des occidentaux, alléchés à perte de raison, par les richesses du continent. Sur le champ, le regard du monde se détourne de Paris la mercantile et se braque sur Johannesburg l’Africaine, l’humaine. En quelques secondes, Paris est devenue l’ombre d’elle-même et les despotes africains ridiculisés.

Ainsi, Mandela congédie la vanité, rappelle les vraies valeurs, que l’humanité gagnerait à s’approprier et rend du coup audible la voix d’une Afrique dominée et exploitée. Comme par communion avec son continent, il réajuste notre regard vers le futur et nous lègue la force morale et la sagesse nécessaire pour redresser le cours de l’histoire.

Les despotes africains et leurs maitres occidentaux, dérangés dans leur troc, à Paris, en début de soirée du 5 décembre, doivent bien le maudire.

Coté occidental, l’absurde mission universelle, derrière laquelle la France néocolonialiste se cache, tombe en désuétude. L’histoire retiendra que la France enferme les peuples africains dans des frontières qu’elle leur a imposé et qu’elle maintient par sa force d’intervention, à chaque fois que ses intérêts sont menacés.

La course effrénée de l’Europe derrière le gain matériel nous interpelle et nous rappelle la prophétie d’un autre Africain, notre Agelid, Jugurtha, qui s’écria, en quittant la capitale de l’empire romain, «Rome : Ville à vendre !»

Immuables, humaines, universelles, les valeurs de l’Afrique sont identiques. La rage des africains de vivre libre et digne sur leur sol est partout la même. De Johannesburg à Tizi-Ouzou, la jeunesse africaine interpelle ses dirigeants et convoite sa liberté.

Entièrement africaine, la Kabylie s’identifie et revendique l’héritage de Mandela. L’obstacle à cet idéal porte un nom : l’Algérie. Cette Algérie dont le soutien à Mandela se révèle n’être dicté que par le lopin de prestige international nécessaire à justifier la féroce répression interne.

Cet idéal africain est, en réalité, incarné, en Afrique du Nord, par Abane Ramdane, Lhocine Ait Ahmed, Said Saidi, Ferhat Mehenni…

Une chose est sûre, même si l’Algérie refuse la liberté et le droit à l’Autodétermination aux Kabyles, la victoire de l’idéal de ces Hommes est inéluctable.

Quant à l’incorrigible France, il y a fort à parier qu’elle livre, en ce moment même, son dernier baroud d’honneur, en Afrique.

Lyazid Abid

4 Commentaires

  1. La récupération de Mandela par les occidentaux qui ont soutenu l’Apartheid jusqu’ à ce qu’il n’est plus possible de le faire me révulse. L’Algérie combattante des années de guerre de libération visitée par Mandela (1961) est peut – être judicieux à rappeler. Mais la récupération par les tenants du régime actuel en Algérie synonyme de l’abdication et de larbinisme devant les occidentaux et répressif envers son peuple me révulse encore davantage. Je vous croyais animés d’une certaine humilité devant un homme qui rentre dans l’Histoire (avec un grand H) par la grande porte. Mais comparer Hocine Aït Ahmed, Saïd Sadi et Ferhat Mehenni à Mandela me révulse aussi.

    Comment comparer Ferhat à Mandela alors que Ferhat va tenter de trouver des parrains à son action chez un régime comparable en tout point de vue au régime de l’Apartheid combattu par Mandela (je veux parler d’Israël, que Mandela a eu à dénoncer à maintes reprises), et laisser se développer un discours de haine et du ressentiment envers une population (les algériens non kabyles) rendue presque coupable des injustices commises par un régime qui ne représente pas cette population.

    Comment comparer Sadi à Mandela alors l’honorable docteur a fait tellement d’errements qu’il a pu réussir l’échec en laissant un parti (le RCD) en lambeaux.

    Comment comparer Hocine Aït Ahmed à Mandela alors que l’ex leader du FFS a imposé à ses camarades une alliance contre nature avec le régime du clan d’Oujda provoquant une implosion d’un parti qu’on croyait réellement de l’opposition.

    De grâce évitons l’emballement.

    • COMPARAISON N EST PAS RAISON ! N’exagérons pas, SVP !

      C’est aller vite en besogne en comparant les nôtres à Mandela ! Cela risque même de nuire à leur image, car il y’a là une grande exagération, un abus de langage, une comparaison risquée, un emballement manifeste…..

      Soyons raisonnables, mesurés, humbles, simples, voilà des grandes qualités. Evitons le zèle (toujours) excessif,, l’arrogance (toujours) démesurée, la fierté (toujours) mal placée, qui sont des attitudes importées,  » made in « , des marques de  » l’individualisme  » effréné, incompatibles avec les valeurs collectivistes, socialisantes et solidaristes, les traditions ancestrales des amazighs (tachemlilt, tiwizi, tajamaa^t, etc.)……

      Sortons de l’envoutement crée par les médias de masse, les télés-poubelles qui, par les vannes grandes ouvertes de la propagande, tentent d’évacuer, voir mêmede liquider le sens réel du combat originel et authentique de Mandela et tous ses compagnons de route ( dont on le dissocie injustement…)……

      Mandela, c’est la lutte continue, le combat perpétuel contre le racisme et la xénophobie, contre le colonialisme et l’impérialisme, contre la domination et l’exploitation……qui ne sont pas ceux de nos brobros mercantiles et commerçants, nos  » agitateurs politiciens  » (pour ne pas dire « hommes politiques »), faux-opposants et pseudo-démocrates, autoproclamés dirigeants des …., alors qu’ils n’ont jamais été élus ou désignés démocratiquement par le suffrage universel…..

      Ce qu’il nous faut et nous incombe : c’est le sérieux, la vérité, la probité, l’humilité, la simplicité, la crédibilité…..et le  » lutte continue  » contre le Pouvoir militaro-mafieux, qui est  » l’Ennemi commun « , le mal originel, l’origine du mal, le démiurge !

  2. la kabylie est plein de Mandela ,exp: Mohamed Haroun est mis aux oubliettes alors que ……………. etc…
    j’arrete là .
    la femme kabyle a enfanté de tant de Mandela .
    SVP arrêtez de regarder ailleurs en méprisant les nôtres .merci

  3. Chaque Peuple et a chaque epoque a ses heros – Les notre sont tous ceux qui soutiennent a adherent a celle de Ferhat Nait Saed, ou Mas Ferhat.

    Notre situation est unique. Nous ne subissons pas que la dictature(politique), mais la tyrannie(socio-culturelle) et le genocide(ethnique). Les Europeens n’ont jamais empeche’ les noirs d’etre eux-meme, ou meme de s’auto-gerer – Ils les privaient des gains d’exploitation de leurs terres seulement, moyens les lois, dont ils detenaient le controle (apparheid)

    Dans notre cas, il s’agit du cas Ruwandais. c.a.d. ethnique (des groupe racialement tres proches et identiques) ou la majorite’ a travers sa dominance politique cherche a faire disparaitre une minorite’ sur des bases de region, langue et valeurs (culture)

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici